Quand Jacques Chirac était de Gauche

Que penser d’un homme politique qui commenca sa carrière en militant en faveur du parti communiste, puis qui étouffa le Gaullisme, en 1976, alors qu’il en était un membre éminent ? Que penser de cet homme qui ouvrit le « bal de la culpabilité » en reconnaissant officiellement la responsabilité de Vichy dans la déportation des Juifs ? Que penser de cet homme de « droite » qui nomma, en 1997, Lionel Jospin, un trotskyste, comme premier ministre, et supprima en 1998 la conscription, donc: l’armée républicaine défensive, au profit d’une armée de projection offensive dite « professionnalisée » ? Toujours sympa le Jacquot ?

Extrait des mémoires de Raymond Casas: « Quand Jacques Chirac, étudiant, vendait « l’humanité » :

Combattant de la mémoire, Raymond Casas vient de terminer le deuxième tome de son autobiographie. Ce septuagénaire, qui milite aujourd’hui avec ferveur pour l’ouverture d’un musée de la Résistance dans sa ville de Blois, y livre les récits, les rêves et les amertumes d’une vie hors du commun : jeune résistant FTP, engagé volontaire dans les corps francs, militant du PCF et de la CGT, puis fondateur du PCMLF (pro-chinois), il fut l’ami d’Enver Hodja et de Félix Guattari, prit la parole à la Sorbonne en 1968, fut reçu à Pékin par Zhou Enlai. Sans jamais cesser de travailler ni de militer en usine.

Dans le premier volume de ses Mémoires à nos petits-enfants, paru en 1994 et en vente chez l’auteur (15, rue de la Motte, 41000 Blois), on croisait un jeune militant au profil sympathique : le « Grand Jacques ».

Au début de l’année 1951, Raymond Casas, métallo à Levallois, habite rue Saint-Sulpice, dans le sixième arrondissement de Paris, et milite à la cellule communiste de la rue de Tournon. « Je vendais L’Huma-Dimanche à la criée, écrit-il, le dimanche matin, au carrefour des Quatre-Vents, à la sortie du marché Saint-Germain. Ma clientèle était à 80 % étudiante. C’est l’un de ces étudiants, resté bien vivant dans ma mémoire, qui m’aborda, le dimanche 14 janvier 1951, à mon poste de vente : « Veux-tu un coup de main pour vendre l’Huma, camarade ?«  Dieu ! qu’il était grand ! Tout juste dix-neuf ans, un regard décidé, un front large, une voix grave. Engoncé dans un long manteau sombre, il relevait de maladie et préférait vendre vers la rue de Vaugirard, car le marché Saint-Germain était à deux pas du domicile paternel, rue de Seine. « Tu comprends, mes parents sont des bourgeois, ma mère accompagne souvent la bonne le dimanche matin au marché. Tu vois le tableau d’ici !«  Oui, je voyais. »

Sa première vente fut de six exemplaires : « Demandez l’Humanité-Dimanche, contre la sale guerre du Vietnam, pour un acte de paix entre les cinq grands, signez contre l’arme atomique ! » Cette recrue était un battant. Il se disait « fana ». « Par souci de pureté marxiste, écrit Raymond Casas, je lui rétorquai que c’était là un terme impropre pour les communistes. Il me répondit, en s’excusant, que ce terme était courant chez les étudiants. » L’auteur raconte encore : « Au petit bistrot de la rue des Quatre-Vents, à notre seconde rencontre, devant une boisson légère, il me dit son nom : Jacques Chirac, Corrézien de Paris et, avec un brin de fierté : « Mon grand-père est corrézien, élu du radical-socialisme, un vrai, tu sais, comme on n’en fait plus, un élu de gauche, très estimé. Mon père est directeur aux usines Potez, un ami de Marcel Dassault« .

Dans son ouvrage « Chaque pas doit être un but », Jacques Chirac se raconte :

Jacques Chirac revient sur sa période communiste. En 1950, il a 18 ans et signe l’appel de Stockholm, lancé par le Mouvement mondial des partisans de la paix. Il a « même vendu L’Humanité-Dimanche devant l’église Saint-Sulpice, durant quelques semaines… » Le patron du RPR explique cet engagement :

« Ce qui m’a entraîné brièvement vers les communistes, c’est avant tout les idéaux pacifistes dont ils se réclamaient. Comme beaucoup de jeunes gens de ma génération, horrifiés par la tragédie d’Hiroshima, j’étais hostile à toute nouvelle utilisation de l’arme nucléaire. » La période communiste ne dure pas : « Le temps de me rendre compte à quel point j’étais manipulé par la propagande stalinienne. Epouvanté par le sectarisme de mes camarades, j’ai eu vite fait de m’éloigner d’eux. »

Wikipédia :

il a bénéficié de son immunité présidentielle, mais reste après son départ de l’Élysée poursuivi dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, dans le cadre de laquelle il est condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis en 2011, ce qui fait de lui le premier chef de l’État français à être condamné en justice. …

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